En démontrant les principes même d’élaboration de l’image, et à travers eux l’ambiguïté de son statut, l’évidence du regard se trouve contrariée. Les modes de perception de l’image – lisibles de prime abord comme simplifiés – basculent alors, laissant place à une deuxième lecture plus complexe, qui tend à une compréhension globale de ces rapports. Ceux-ci diffèrent selon le médium utilisé.
Pour sa première exposition de l’année, la Galerie Interface a choisi d’inviter Didier Marcel. Face aux contraintes de l’appartement galerie, il répond par une double proposition qu’il intitule Magic + Drawings. Cette proposition investit deux pièces par le sol qu’il revêt d’une moquette bleue qui joue sur le privatif de l’espace et qui, simultanément, devient socle ou surface accueillante de son travail. Magic, c’est le titre d’une sculpture circulaire en inox poli miroir qui porte en son centre un cube de plâtre. L’espace s’en trouve à la fois saturé et libéré. Saturé par le volume occupé. Libéré là où le monumental s’annule dans la surface réfléchissante du miroir et nous renvoie à des images connues : tables de salon, bassin…
Le travail de Pat Bruder est un travail de construction. Les constructions ” décoratives” investissent l’espace de façon variées : peinture murale, photographie, dessin, sculpture, etc. Les motifs ornementaux sont utilisés en raison de leur potentiel visuel et de leur visibilité universelle. L’œuvre se veut donc accessible. Par ailleurs une atmosphère ludique habitent les travaux même, si en arrière plan quelque chose de plus sombre se déploie sur un registre que l’on pourrait qualifier de poétique. signifié par le titre de l’exposition. L’artiste en jouant de cette dualité, nous propose donc une œuvre généreuse, résolument visuelle et ouverte.
« Donne-moi la main Je te donne… mon cœur » Ou « Le jeu du Tourniquet » (sculpture sonore) est la retranscription d’une performance réalisée en 1996, dans ma chambre. Je tourne sur moi-même de plus en plus vite selon le principe d’un jeu d’enfant que l’on nomme « Tourniquet » qui consiste à entrainer quelqu’un dans une ronde de plus en plus violente, jusqu’à la chute. Je réalise l’action seule et porte alors un petit dispositif d’enregistrement à proximité du cœur et de la bouche… « Donne-moi la main Je te donne… mon cœur » est le simple fragment d’une petite prière enfantine. L’enregistrement est retravaillé sur quatre pistes pour reconstituer le cercle ultime de l’acte ; accentuer la fragmentation de la voix et de la respiration. C’est d’abord le chuchotement du chant puis la voix, le souffle, la respiration se confondent… Le rythme comme vertige d’un spasme… Le corps parle… Comme une extase.
En entrant, quelque chose vient vers vous. On sent que l’espace, que le corps connaît, parcourt selon des inclinations prévues (prévisibles aussi bien dans un appartement standard), forcé à quelque inclination inhabituelle.
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