16 18 décembre 2016
Hôtel Burrhus • 1 place Montfort • 84110 Vaison la Romaine
ven. 16., sam. 17. et dim. 18 décembre 2016
Pour l’édition 2016 de Supervues, Sylvie Bonnot a été invitée par Interface à intervenir dans la chambre n°8 de l’hôtel Burrhus le temps d’un week-end, en décembre 2016, tandis que Cécile Bart, artiste invitée sur proposition d’Interface, s’est vue confier la chambre n°34 pour y installer un ensemble de peintures/collages destiné à rester en place jusqu’à fin 2017.
Dans cet hôtel 35 chambres sont ouvertes le temps d’un week-end à qui veut bien y glisser un œil, histoire d’aller voir plus loin que son paillasson. Le risque est grand d’y rencontrer un artiste et ses œuvres, parfois aux murs, parfois au creux du lit, parfois sous le dit-paillasson. Quelquefois la chambre disparaît. […]
Les artistes parlent, on les écoute, même si leur parole n’est pas plus importante que celles des autres, elle est nécessaire. On peut penser à « Voyage autour de ma chambre » de Xavier de Maistre et parcourir les formes et les idées du point de vue de son lit, mais là, 35 chambres, 35 espaces investis, c’est une galaxie de petites surfaces de la pensée qui s’invente. Un diagramme structurel de l’art en chambre. Quoique peu d’experts le confirment, tellement les propositions sont variées. Toujours exigeantes, mais décomplexées dans le choix des artistes, invités par des structures de diffusion, invitées par l’équipe resserrée autour de J.B. & L. Gurly, les patrons de l’hôtel, fondateurs de la manifestation et collectionneurs engagés depuis 10 ans déjà ! Dans ce temps, 350 artistes et quelques propositions au sein de la ville de Vaison-la-Romaine sont venus décaler la place de l’art, faisant danser jusqu’à l’aube les théories esthétiques sous les yeux des milliers de visiteurs ébahis, perdus dans cette province romaine et retrouvés dans cet hôtel.
Didier Tallagrand
Cécile Bart
Installée à Marsannay-la-Côte, à proximité de Dijon, Cécile Bart est une des artistes les plus douées de sa génération et une figure artistique locale. Au fil de ses nombreuses expositions et productions, elle a su gravir les échelons pour avoir un statut de référence et de respect dans le milieu de l’art.
On connaît l’œuvre de Cécile Bart par ses peintures/écrans, abondamment commentées depuis le début des années 1990 : des voiles Tergal “plein jour”, translucides, teintés de couleur. À Vaison-la-Romaine, l’artiste a marouflé sur les murs de la chambre n°34 de l’hôtel Burrhus des peintures/collages de cette même matière.
Là où les peintures/écrans manifestent une proximité avec l’architecture intérieure et l’histoire de l’environnement dans l’art contemporain, [les peintures/collages] explorent davantage les registres du « décoratif ».
Quel que soit le mode opératoire choisi, chaque exposition de Cécile Bart se propose comme une expérience à vivre dans une certaine durée, différente pour chacun des visiteurs, invitant aux mouvements, aux déplacements latéraux, aux panoramiques, au jeu avec la profondeur de champ, bref aux effets de caméra.
… Le spectateur que suggèrent les œuvres de Cécile Bart n’est pas le spectateur statique et passif de la scène. Il est un corps et un esprit en mouvement, qui appréhende, par la vision, des objets – séparément et en lien les uns avec les autres – en même temps qu’il est imperceptiblement transformé par ces objets.
Éric de Chassey, “La peinture comme modulation”, in catalogue Cécile Bart : Tanzen, Aarau, Aargauer, Kunsthaus/Marsannay-la-Côte, les Archives modernes, 1998
Sylvie Bonnot a fait des études aux Beaux-Arts de Dijon et à la Curtin University à Perth (Australie) dans les années 2000.
Ses recherches artistiques reposent entre autres sur le cheminement des lignes et l’étendue du paysage – souvent extrême – aux moyens de la photographie, du dessin et de procédés d’altérations photographiques.
Le lien le plus direct entre la photographie et les autres médiums s’établit avec la façon singulière qu’a Sylvie Bonnot de traiter une partie de ses tirages et de ses négatifs comme une matière première ou comme un subjectile pour la peinture et le dessin. Elle calcine des images de ciel, reconstruit des architectures par découpage et réassemblage, dessine sur les négatifs, triture le papier encore humide et donc malléable pour lui donner forme, le façonner en volumes, scarifie des tirages barytés pour en creuser la surface, y graver de nouvelles figures ou les oblitère par surimpressions de dessins ou de peinture. […]
Ces œuvres concrétisent la rencontre de deux moments distincts et complémentaires dans le rapport au paysage, la rencontre de deux forces : celle qui pousse à arpenter le terrain, celle qui pousse à dessiner, c’est-à-dire à investir une surface.
Hubert Besacier, “Surimpressions”, in Sylvie Bonnot. Hors Champs. Esox Lucius. La Clayette, revue Semaine 48.13, Edition Analogues, novembre 2013
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