07 FÉVRIER
21 MARS 2009Image, couleur, lumière définissent les spécificités de la peinture. Sur toile, sur mur ou papier, Emmanuelle Castellan explore les « espaces de la peinture » en prenant en compte les champs de la représentation, de la matérialité et de l’immatérialité que présuppose ce médium.
“Travaillées au mur, mes peintures sont considérées comme des écrans, elles sont des projections qui ont en mémoire leur propre disparition.(…) La disparition est déjà inscrite dans l’acte de peindre. (..) Je cherche à saisir des choses, parfois tout à fait périphériques, qui m’ont cependant imprégnées.(..). Finalement, il ne me semble pas épuiser l’image mais plutôt la faire basculer ailleurs.”
Extrait de l’entretien entre E.Castellan, Brigit Meunier et Martine Michard en mai 2008
L’artiste expérimente l’in-situ dans le sens où son travail s’étend directement sur les murs. D’abord compris comme un geste de liberté, cette pratique inscrit sa peinture dans l’espace temps. Traditionnellement dite plate, celle-ci entre alors en scène. Tel un scénariste, Emmanuelle Castellan étudie le rythme, la densité des coloris, les contraintes spatiales, la lumière, sélectionne les prises de vues. Bien que l’image ne soit que l’élément de base de sa peinture, celle-ci en est aussi l’acteur principal. Apparaissant sous différents plans, elles s’enchaînent, induisant ainsi le déroulement de la visite. Parallèlement aux projets d’exposition échelle un, l’artiste expérimente les systèmes de déplacement dans l’espace à partir de maquettes. Conçus comme des projections mentales, ces bricolages font partis de son cheminement. Anne Malherbe dit de ces maquettes que ”leur principe fait songer à ces appareils optiques, les stéréoscopes, qui tiennent dans la main, et sur l’objectif desquels on ajuste le regard pour voir alors se déployer tout un paysage.”
De même que la réminiscence nous apparait floue, les images d’Emmanuelle Castellan sont évanescentes, recouvertes d’un voile, à la lisière du visible. Certaines peintures, à la limite du monochrome portent en elles les signes du sfumato des peintures italiennes du quatroccento. Dans La nuit tombée, les formes émergent peu à peu d’une pénombre mystérieuse. Comme si le révélateur photo s’était arrêté, le paysage reste à l’état de suggestion, laissant le spectateur faire son cinéma ou pas.