15 septembre
29 octobre 2011“Précise suspension de lumière, lignes et points de fuite oscillent des constellations de Marie Lepetit. Avec les données simples de l’équerre et du crayon, elle reprend chaque jour l’obstiné épuisement du marquage, de l’étalonnage ou même du cadrage des espaces infinis délivrés par le pan du mur, du papier ou de la toile.” extrait du texte d’Eric Corne
(…) On sait que jamais l’artiste ne choisit la direction dans laquelle son œuvre le conduit. On sait qu’elle le précède toujours et qu’il la poursuit sans cesse. Plus l’artiste est modeste et plus l’œuvre mûrit, plus elle ouvre d’autres horizons. Lorsqu’on s’en approche, ce qu’on entend en fait, ce n’est pas tant le discours de l’artiste que la musique de l’œuvre. Marie Lepetit le sait et le dit volontiers. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela veut dire que l’œuvre véritable est dépourvue d’autre intention que celle d’exister. Elle hait la moindre instrumentalisation car elle sait que c’est dans le silence sur lequel repose les sons quasi inaudibles de l’œuvre pictural que loge son unique projet. Ce qui rattache peut-être, et l’en distingue tout autant, l’œuvre de Marie Lepetit à l’Art Minimal, c’est avant tout le son minimal qui se déploie sans faille d’une œuvre à l’autre. Marie sait que la musique qu’elle fait naître n’est jamais que la modulation du silence tel qu’un poème porte la sonorité des mots. Précise, méthodique, son équerre d’une main, le stylet dans l’autre, elle trace ces portées de points lumineux qui d’eux-mêmes forment des constellations involontaires. C’est de l’évolution du poignet guidé par l’instrument que la surface s’anime et plonge le regard dans un univers que l’on peut qualifier de primitif. Pourquoi primitif ? Parce qu’il nous est aussi familier qu’étranger.
Là où les Minimalistes se voulaient fondateurs, Marie Lepetit semble défonder la responsabilité historique de l’art. En effet l’œuvre file. D’un geste elle apparait et en une infinité de petits gestes elle se décompose et se recompose en ondes continues. Peinte sur le mur, elle devra disparaître ; elle appartient essentiellement à la disparition qui saisit aujourd’hui un grand nombre de milieux. L’éphémère qui efface les images, le désert silencieux de la solitude, le son sourd des choses, n’est-ce- pas ce que à quoi secrètement nous aspirons tous ? N’est-ce pas cet espace sans bruit mais animé d’une subtile musique graphique que nous propose l’art de Marie Lepetit ? (…)
extrait de “le mur et La pensée” d’Alain Charre
- Les Serpents de Marie N’Diaye jeudi 22 septembre à 19h – 5 euros Lecture programmée par Grenier/Neuf
- A.P. Witomski samedi 22 octobre à 17h30 – gratuit Concert dans le cadre du festival Novosonic