15 septembre – 27 octobre 2007
À la manière d’un physicien ou d’un mathématicien, Vincent Mauger observe, analyse, modélise et investit l’espace réel d’après la représentation qu’il s’en fait. Il pousse l’envahissement du paysage mental aux limites du lieu, bouleversant ses proportions et ses usages.
Des outils pour un nulle part
Les agencements plastiques de Vincent Mauger développent des fictions comme l’on déploie des espaces. Les installations de l’artiste ne sont pas des images arrêtées, elles véhiculent. Zones d’autonomie temporaires, ces sans titres procèdent par glissements, déplacements, tels des matrices ou des surfaces de projections. Edifice constitué de boulettes de papier, objets en bois à l’armature héliotrope, aplat confectionné à partir de briques, ils constituent autant de topographies manufacturées. Une des caractéristiques de la pratique de Vincent Mauger réside dans l’équivalence que celui-ci induit entre conception formelle et réalisation technique, usage d’un matériau simple et jeu avec l’espace d’exposition.
A la fois architecte, maçon ou menuisier, l’artiste aime à osciller entre dessin et mise en volumes, de la même façon que l’on représenterait des endroits d’une virtualité, feinte ou concrète. Entre high tech et gros oeuvre, il manie l’artifice et l’artefact avec plaisir, à l’exemple de ses vidéos, véritablement « construites » à partir de maquettes. A l’aune d’une modélisation interlope, ses pièces élaborent une cosa mentale neutre et impersonnelle. Le travail in situ s’apparente ainsi à des mises en échelle successives de paysages translatés, reformulés, dans lesquels le spectateur entre, au sens littéral comme au figuré.
Le crayonné tient lieu de relief, les découpes rappellent le trait de la palette graphique, le rapport « analogue » s’appréhende ici tel que le décrit l’écrivain René Daumal. Des rêveries qui font du spectateur placé en face des œuvres de Vincent Mauger, un promeneur solitaire.
Frédéric Emprou
interview de Vincent Mauger sur Dijon-Première