20 octobre – 30 novembre 2002
Marc Couturier investit jusqu’au 30 novembre 2002 l’appartement galerie Interface, il réalise pour l’occasion une exposition au parfum définitivement poétique. L’art de Marc Couturier est empreint d’une légèreté qui laisse le visiteur face à des œuvres flottantes, qui expriment d’autant plus qu’elles sont souvent faites de peu de chose. « L’art c’est apprendre à voir », les œuvres exposées à Interface nous le racontent, l’artiste nous ouvre en grand les voies de l’imaginaire par le regard. Sa Barque virtuelle, embarcation navigant sur une ligne de flottaison aérienne nous invite dès l’entrée au voyage, à la fuite, à la découverte d’une œuvre sensible.
Elle flotte dans la pièce, son étonnante suspension la projette (et le spectateur avec) dans un univers volatile qui vacille au mouvement du regard. La barque s’étire, son reflet la complète et lui offre un horizon mouvant, elle ne s’enfonce pas dans le miroir, elle vole au centre d’un espace transformé par sa présence. Le reflet est le symbole de l’extériorité, d’un ailleurs, de la fuite, du voyage du sens (dans tous les sens du terme) ; cette barque suspendue est une porte ouverte vers l’invention d’une autre vision, elle nous offre une perspective nouvelle. A la vitesse de l’époque, Marc Couturier préfère immanquablement la plénitude du temps.
L’œil à la recherche du tout dans l’insignifiant, l’artiste saisit l’essence poétique des choses. Comme un chineur du quotidien, du banal, de l’infime, il attrape les formes des objets, leur érosion, leurs accidents, pour en faire la matière première de son vocabulaire artistique. Les redressements qu’il présente sont de ces morceaux de « rien » qui relèvent pourtant du sublime. Ce sont des matières, des matériaux qui, parce qu’ils sont vivants, ont travaillé et sont alors marqués par le temps. Qu’il s’agisse de cartons arrachés, de bois d’acajou provenant de douelles de tonneaux, d’une cuve à fuel ou d’un morceau de papier de verre usagé, tous ces objets sont autant d’univers à offrir au regard et à l’imaginaire. Ces matériaux présentés tels qu’ils sont, trouvent une nouvelle trajectoire ; leur itinéraire et leur sens sont redressés pour révéler ce qu’il y a de poétique en eux et offrir au spectateur un regard neuf. Marc Couturier a le sens du minime, il propose à travers ses œuvres de sublimer l’infime. Ses pièces appellent donc inévitablement à la contemplation voire à la méditation, leur beauté est sensible, à chacun d’être touché face à ce quotidien exceptionnel.