26 NOVEMBRE 2011
14 JANVIER 2012« Matthieu Husser multiplie depuis une décennie des projets artistiques qui communiquent l’empreinte de différents contextes urbains. Son regard s’est posé sur des villes d’Europe de l’Est et d’Amérique du Nord avec la même curiosité, la même acuité. Usant de la distance géographique et critique dont il dispose, il révèle aux citoyens des villes où il séjourne des aspects insoupçonnés de leur environnement, questionne les pratiques urbanistiques, dénonce les bouleversements accélérés de l’espace et de la vie quotidienne des usagers. Par la restitution de fragments urbains sous forme de maquettes, il offre à chaque fois une autre perspective de lieux que les gens habitent sans plus les voir. »
extrait de Déplacement cartographique d’Alain Caron
Lorsque nous arrivons dans une nouvelle ville, la plupart d’entre nous s’aident d’un plan que nous aurons pris soin de nous procurer dans l’office du tourisme le plus proche. Outre le fait d’être un guide élémentaire, ces cartes fournissent de nombreuses informations à qui saura déchiffrer leur langage. Dans la cave de l’appartement, la sculpture RG(allem représente un détail du plan de la ville Strasbourg. Il s’agit de la frontière entre Strasbourg et Allemagne d’après le plan de la ville de 2002, soit juste avant les travaux de réaménagement de ce territoire. Les édifices et monuments incontournables sont très souvent indiqués sur les cartes. C’est à force de les consulter que l’attention de Matthieu Husser s’est portée sur les pictogrammes.
Aussi, depuis 2009, à chaque séjour dans une nouvelle ville, l’artiste collecte et reproduit ces symboles. Enfin, le projet qui, pour ma part est un des plus significatif de la démarche historiciste de l’artiste est liée à Berlin et plus précisément à la rue Rosenthaler Strasse. Après avoir vécu à Berlin de 1998 à 2000 puis y avoir séjourné à plusieurs reprises, en 2006, Matthieu Husser a souhaité témoigner des bouleversements radicaux que venait de subir Rosenthaler Strasse. La sculpture qu’il a réalisé matérialise à échelle réduite l’espace vide d’une parcelle de la rue, telle que l’artiste l’a connu, et qui a aujourd’hui disparu. Cette sculpture érigée tel un monument de marbre devient alors porteur d’une mémoire collective d’une époque révolue.