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Tenir/Trouer les murs
Dans le roman fantastique de Danielewski, La Maison des feuilles 1, les murs de la maison semblent se déplacer, ouvrant des espaces, des trous sombres dans lesquels plonger fait découvrir des mondes inconnus. C’est là que se forment des images plus mentales que concrètes, là d’où celles-ci peuvent aussi sortir. Comme le précise Fernand Deligny à propos de son film Le Moindre geste : …surtout, n’oubliez pas les trous. S’il n’y a pas de trous, où voulez-vous que les images se posent, par où voulez-vous qu’elles arrivent ?
Ainsi, les six artistes présentés en cette fin mars 2015 à la Galerie Interface pourraient-ils se rassembler sous les auspices de ces deux auteurs, évoquant leur statut ambigu de « jeune artiste », statut autrefois dévalorisant et maintenant au sommet de la considération.
Mark Z. Danielewski, La Maison des feuilles, trad. Christophe Caro, Paris, Denoël, 2002.(back)
Mark Z. Danielewski, La Maison des feuilles, trad. Christophe Caro, Paris, Denoël, 2002.
“ Tout homme également avait le droit, dans sa vie quotidienne, d’être entouré de beaux objets. Il alliait cette conviction à un activisme socialiste qui l’a conduit de plus en plus à s’engager dans les mouvements d’émancipation du prolétariat, il voulait simplement mettre fin au système de production industrielle.” Michel Houellbecq
Une correspondance est née en 2012 avec un moment clé le 14 septembre 2013 lorsque je reçois par mail un long message de DB transmettant son projet pour la page centrale du journal horsd’oeuvre n°32.
Cette page blanche, que l’on offre comme support aux artistes invités, a toujours été pensée pour Interface comme une extension à son activité de programmation d’expositions. Là où les propositions se cantonnent parfois à son simple format (59,4 x 42 cm, ce qui n’est déjà pas si mal !), DB a laissé le champ ouvert à 4 possibilités, complexités d’impression de sa création. Les mots employés par celui-ci étaient déjà au-delà du format, au-delà du journal et son travail de mise en espace présent malgré ce support en 2D. La générosité et la liberté de produire l’une ou l’autre de ses 4 propositions étaient là, à l’étude et totalement dans un rapport d’échange entre lui et moi.
Interface poursuit son travail de promotion de l’art actuel en ouvrant son lieu à l’intervention de l’artiste Benedetto Bufalino qui, d’habitude coutumier de l’espace public, transforme pour l’occasion l’appartement/galerie dijonnais en un terrain de tennis…
Quand il parle de son travail, Benedetto Bufalino, un sourire dans la voix, est aussi sérieux qu’amusé. Son leitmotiv ? Rendre concret ce qui n’était encore jusque là qu’une intuition nébuleuse et produire ainsi de l’utopie réalisée. Car il s’agit bien de donner lieu à des formes inattendues, appelées à prendre position dans l’espace public par l’intermédiaire d’une technicité héritée sans aucun doute de sa formation de designer d’espace. C’est ainsi que, des arts appliqués à l’art contemporain, son intérêt pour le repérage de contextes ordinaires l’amène à produire en retour, en tant que plasticien désormais, des formes et des situations qui de détournements en manipulations interpellent par leur incongruité situationnelle et appellent à la participation, par leur dimension relationnelle.
La salle de bal des Demoiselles coiffées (page u) utilisent un procédé de réhabilitation des débris de l’intervention. Une matériologie ad hoc donc. Un art du Finish Dusty. Connaissant bien l’économie des expositions, au sens de système et de régime, Simon Feydieu en exploite les processus aussi bien que l’esthétique. Il privilégie celle du montage créant des installations qui semblent en devenir ; le chantier avant ou après l’exposition. Jamais vraiment figé. Et en prolongement de cette esthétique du devenir, il fait souvent intervenir une composante temporelle liées à de la matière organique.
A force de fréquenter ce qui est susceptible de pousser, Lise Duclaux en est venue à s’intéresser à ce qui se trouve sous nos pieds : aux racines des végétaux, …
”That’s another thing we’ve learned from your Nation,” said Mein Herr, “map-making. But we’ve carried it much further than you. What do you consider the largest map that would be really useful ?”
30 janvier icon-arrow-circle-right 15 février 2014
Ce qui traverse ces oeuvres d’étudiants de 5e année à l’École Nationale Supérieure d’Art de Dijon, présentées, à la galerie Interface, c’est la méticulosité avec laquelle elles ont été construites. Durant leur processus de création il y a eu, pour chacune d’elles, un long temps d’élaboration où l’endurance de celui qui fabrique a été mise à l’épreuve.
art contemporain – Dijon – 12 rue Chancelier de l'hospital ouvert du mercredi au samedi de 14h à 18h – entrée gratuite